La découverte de restes de mammouth à Porquerolles peut sembler étonnante, et c’est d’ailleurs bien la première fois qu’on retrouve des traces d’un tel animal sur cette petite île, mais pour Sylvie K.-L, la chose n’a rien de surprenant : « On sait depuis longtemps, explique-t-elle, qu’il y a quelques dizaines de milliers d’années, lors de la dernière période glaciaire, le climat de ces régions était beaucoup plus froid qu’il ne l’est aujourd’hui. On a retrouvé, peintes au charbon sur les parois de la grotte Cosquer, qui n’est pas située très loin de Porquerolles, des images de pingouins, ces pingouins qu’on ne trouve plus aujourd’hui que dans les régions arctiques et antarctiques. En fait, la présence de mammouths dans le sud du territoire français et sur la rive nord de la Méditerranée est connue et documentée depuis très longtemps, même si cela n’est pas toujours su. L’un des meilleurs exemples est sans doute le célèbre mammouth de Durfort, dont le squelette est une des pièces maitresses de la Galerie de Paléontologie et d’Anatomie comparée du Muséum, et qui ne vient pas du tout, comme on le croit souvent, des plaines glacées de la Sibérie du Nord mais du village de Durfort, dans le Gard, beaucoup plus près d’Alès et de Nîmes que de Moscou ou Yakoutsk ! Il y a 20 000 ans, Porquerolles n’était pas une île mais le sommet d’un plissement côtier attaché au continent et éloigné de quelques kilomètres du rivage. Qu’y aient vécu des mammouths n’a donc rien d’étonnant ; c’est leur absence qui aurait été singulière. «
Un mammouth, mais quel mammouth ? Pour les paléontologues du Muséum, les dents retrouvées sur les rochers de l’anse de la Galère sont très probablement, étant donné leur taille et leur usure, celles d’un individu juvénile, plus précisément d’un très jeune mammouth de cette espèce dite laineuse à cause de ses longs poils, dont on a retrouvé des restes un peu partout au nord de la Méditerranée. Quant à la datation de l’échantillon et aux origines précises de l’individu ayant porté ces dents, elles sont malheureusement impossibles à déterminer, l’iode marin perturbant aussi bien l’analyse carbone de l’ivoire que l’examen de l’ADN mitochondrial qu’il aurait pu conserver.
On ne peut donc, sur la datation, qu’en demeurer aux conjectures. Mais il paraît peu probable que des mammouths aient vécu à Porquerolles une fois celle-ci devenue une île, lors de la remontée des eaux ayant suivi la fin de la dernière glaciation. On peut estimer que l’individu portant les dents retrouvées à La Galère vivait il y a au moins 15 000 ans.
Un mystère demeure cependant, celui de l’excellent état de conservation de l’ivoire : comment, malgré l’air marin, les embruns, les tempêtes, le frottement des galets et des rochers, comment ces dents ont-elles pu conserver leur forme et leur éclat ?
Sans doute, chères auditrices et auditeurs, en saurons nous plus dans la suite de cette grande enquête.
A suivre
Faut-il le préciser ? Tout cela est pure invention.