Comme elles sont grandes, nos certitudes, grandes et cependant fragiles, sujettes infiniment au mouvement incessant de l’expérience et des découvertes. De ces réflexions humbles et sages, le mammouth laineux de Porquerolles allait bientôt donner une nouvelle preuve.
On est en novembre 2024. Dans une salle sombre et calme du CARAN, rue des Quatre fils, à Paris, deux jeunes élèves de l’Ecole des Chartes, Valérie P. et Rémi K., travaillent à l’inventaire méthodique des 150 cartons du Fonds Fournier récemment déposé aux Archives nationale par la famille Beler, héritière de François-Joseph Fournier, l’ancien propriétaire de l’île de Porquerolles. C’est la fin d’après-midi, la journée a été longue et ennuyeuse, passée à éplucher des bons de commande, des livres comptables et des liasses de factures. A cette époque de l’année la nuit tombe tôt, et nos deux chartistes s’apprêtent donc à refermer le carton 53 et à quitter les lieux. Par acquis de conscience, néanmoins, Valérie P. extirpe une dernière enveloppe non cachetée du carton, l’ouvre et en tire une photographie sur le verso de laquelle est griffonnée une date : 12 mars 1913, et une signature, celle de François-Joseph Fournier.
Qui est ce François-Joseph Fournier ? Wikipedia résume ainsi le personnage : « François Joseph Fournier (né à Clabecq, le 6 décembre 1857 et mort à Porquerolles, le 13 janvier 1935) est un aventurier, ingénieur et géologue belge qui, après avoir découvert le plus gros gisement d’or du Mexique, développa des entreprises et coopératives visant au développement local dans le sud du pays, puis à Porquerolles. »
Aventurier, c’est peu de le dire, car sa vie fut une épopée, plus extraordinaire encore que celles qu’on lit dans les romans : né de parents bateliers, il commence sa vie professionnelle comme manoeuvre dans les chemins de fer belges. À 20 ans, il part à Paris, travaille aux Halles, mais aussi comme garcon de laboratoire au Muséum, tout en suivant les cours du soir aux Arts et Métiers. Il décroche l’École des Mines d’Alès dont il sort ingénieur. Il part en Amérique et travaille au Canada (les chemins de fer), à Panama (le canal), aux États-Unis (les mines d’or) puis au Mexique où il crée sa propre compagnie minière qui, ayant trouvé un immense filon, fait sa fortune. Le Mexique étant secoué par la révolution, il rentre en France et épouse en 1911 Sylvia Frances Antonia Johnston Lavis à laquelle il offre en cadeau de mariage l’île de Porquerolles, achetée le 22 février 1912 lors d’une vente par adjudication. C’est dans cette île qu’il pourra enfin réaliser son rêve de création d’une exploitation agricole modèle, projet qu’il n’avait pas eu le temps de mettre en oeuvre au Mexique.
C’est donc quelques mois après son installation à Porquerolles (où il vivra jusqu’à sa mort, en 1935) que François-Joseph Fournier prend la photographie que découvrent, en novembre 2024, Valérie P. et Rémi K. Et quelle étrange photographie !
À suivre.
Faut-il le préciser ? Tout cela est pure invention.
Enfin, tout, non : l’histoire de François-Joseph Fournier est absolument vraie !