Ce doit être bizarre de vivre et de n’avoir jamais vécu que dans cet entre soi, cet enclos vitré, loin des bruits, des cris, des lumières de la jungle ; de n’avoir jamais connu la fraîcheur de la pluie et la caresse du soleil, la senteur poivrée du pétrichor, la crainte et le bonheur mêlés d’être un parmi les autres êtres de la grande île natale.
Catégorie : Carnet
« Les gens » est le faux-nez derrière lequel nous nous cachons pour couvrir nos propres désirs, nos propres besoins, nos propres peurs, nos propres errements.
Les fardeaux, comme toutes les choses intéressantes de ce monde, ne sont jamais monovalents, jamais univoques : ils vibrent incessamment et se retournent à chaque instant, passant du positif au négatif, de l’attrayant au repoussant : le fardeau pèse et nous fait plier mais notre capacité à l’assumer, à le supporter, nous grandit et nous allège. Il y a une dialectique du fardeau et de la légèreté, de la pesanteur et de la grâce, comme il y a une dialectique du maître et de l’esclave, de la servitude et de la liberté.
Que ce soit dans une petite île comme Porquerolles ou dans les hauts alpages, on a vite fait de réaliser que le processus de sélection naturelle (plus naturelle encore dans les alpages que dans l’île du bon Monsieur Fournier) n’est nullement synonyme de croissance débridée d’une espèce dominante qui écraserait les autres de ses avantages comparatifs ; c’est au contraire le codéveloppement d’espèces multiples mettant en œuvre, avec une inventivité prodigieuse, des stratégies fondamentalement différentes, voire opposées.
Quand vient l’été, vient le désir des choses grecques : désir de lumière, de blancheur, de simplicité ; de netteté, de rigueur, de contraste. Désir de Méditerranée, de Camus, d’oliviers secs et de chemins pierreux. Désir de soif et d’absolu, de violence aussi peut-être : Ulysse, la force, Dune, Œdipe, Antigone, le destin et les dieux.
Sur quoi l’artiste a-t-il voulu attirer l’attention : sur la responsabilité de la femme dans la Chute, sur la lâcheté de l’homme qui se défausse sur elle ? Ou sur la puérilité de cette humanité incapable d’assumer ses fautes ?
Ces dialogues détricotés sont étranges. Ils redessinent une vie dont l’autre a disparu, où il n’y a plus que soi qui parle.