
À écouter les chants, j’ai l’impression que le chant fut premier,
Premier avant la musique et les mots.
Le chant qui n’est pas seulement la voix mais le souffle ;
Pas seulement le souffle mais ses modulations :
La montée dans les octaves, la descente dans les graves,
L’ampleur comme une vague qui grossit et décroît.
Le chant comme le grain, l’écaille, le tannin de la voix,
Le murmure mouillé des lèvres,
Le cri d’extase qui parfois s’y devine,
S’y laisse entendre dans un essoufflement ;
Le chant rempli d’entrailles, de râles, de cris, de pleurs, de rires :
Expressions de la chair exposée à la vie ; la chair fragile et cependant puissante,
Puissante de sa fragilité clamée.
Le chant,
Apre comme le raclement de l’ongle sur la corde de la guitare,
Ce bruit parasite devenu cœur de la mélodie,
Et sans lequel la beauté, trop parfaite, trop lisse,
Susciterait lassitude et dégoût.
Le chant, cette danse de l’esprit.
Nous sommes des êtres de chant.
En illustration sonore, derrière ma voix, « Baby can I hold you« , de Tracy Chapman, qui, avec sa voix sensuelle, illustre parfaitement mon propos.
L’image est un dessin (très) amélioré par l’IA de Samsung.
L’original était le suivant :
