Avec les animaux comme avec les êtres humains, la caresse, dès qu’elle ne s’impose pas, est bijective, à la fois donnée et reçue, plaisant à qui la donne comme à qui la reçoit. Au point qu’à strictement parler, la caresse ne se donne pas plus qu’elle ne se reçoit ; elle se partage ; elle est un dialogue.

More of the good
La sobriété, ça n’est pas la fin du beau et de la joie mais la chasse à ce qui enlaidit et rend pesant le monde. Ce n’est pas, ce ne doit pas être la fin du plaisir, encore moins celle du désir, mais la prise de distance avec cette aliénation par Les choses qu’est l’avidité, que je connais si bien.

Le nécessaire, le nuisible et les prix
S’il est nécessaire de baisser nos émissions de carbone, il y a d’ores et déjà plein de bonnes raisons qui justifient qu’on instaure dans de nombreux cas des transitions, des exceptions, des modalités particulières ; mais la discrimination par les prix, qui conduit à ce que, toutes choses égales par ailleurs, les plus fortunés aient la possibilité de persévérer dans des comportements dénoncés comme nuisibles et interdits pour cette raison aux autres, ça ne peut pas marcher.

Porter le monde
Les fardeaux, comme toutes les choses intéressantes de ce monde, ne sont jamais monovalents, jamais univoques : ils vibrent incessamment et se retournent à chaque instant, passant du positif au négatif, de l’attrayant au repoussant : le fardeau pèse et nous fait plier mais notre capacité à l’assumer, à le supporter, nous grandit et nous allège. Il y a une dialectique du fardeau et de la légèreté, de la pesanteur et de la grâce, comme il y a une dialectique du maître et de l’esclave, de la servitude et de la liberté.

La petite reine trahie
Même les vélos normaux mis à disposition du public sont des mécaniques lourdes et épaisses à larges moyeux, larges tubes, larges pneus, larges rayons ; des bicyclettes qui, comme la grenouille de la fable, auraient voulu se faire aussi grosses que des mobylettes. La simplicité, la pureté, l’économie de moyens qui sont l’essence du vélo sont ici piétinées, emportées dans la spirale inflationniste qui régit l’industrie automobile, qui ne conçoit le progrès que sous forme d’alourdissement et d’accumulation de matière.

Sélection naturelle
Que ce soit dans une petite île comme Porquerolles ou dans les hauts alpages, on a vite fait de réaliser que le processus de sélection naturelle (plus naturelle encore dans les alpages que dans l’île du bon Monsieur Fournier) n’est nullement synonyme de croissance débridée d’une espèce dominante qui écraserait les autres de ses avantages comparatifs ; c’est au contraire le codéveloppement d’espèces multiples mettant en œuvre, avec une inventivité prodigieuse, des stratégies fondamentalement différentes, voire opposées.

La planche
Quand vient la houle, quel plaisir que de sentir son corps, porté par la mer, onduler au gré des vagues, comme celui d’une chenille qui se promènerait dans un jardin, grimpant sur des brindilles puis en descendant.

Le mépris, le déni et le monde qui se délite (reprise)
C’était hier soir, à la Villa Carmignac, à Porquerolles : la beauté de Brigitte Bardot, le chapeau de Piccoli, la musique de Georges Delerue, la splendeur de Capri. Tout ça sous les pins et les eucalyptus, dans le chant des cigales qui peu à peu se taisaient tandis que, derrière l’écran, la lune se levait….

La deuxième Chute, ou peut-être la seule
C’est dommage de gâcher cette chance, de perdre cette occasion. Dommage de n’avoir pas su apprécier les merveilles au sein desquelles il nous avait été donné de vivre, et de devoir, par notre faute, quitter ce jardin en le laissant abîmé.

L’insouciance qui nous permet de vivre
Il arrive que, quittant soudain l’insouciance qui nous permet de vivre, on prenne conscience de la fragilité des choses. Et un abîme s’ouvre alors sous nos pas.