
C’est Charles qui m’a appelé. Charles Carmignac, celui du groupe Moriarty et de la fondation. Il voulait me présenter ses excuses pour les séances de cinéma annulées (comme je l’avais deviné, l’espace de projection était réquisitionné tous les soirs par les biologistes examinant les perdrix attrapées) mais aussi pour me parler des dinosaures, de ce qu’il sait des dinosaures de Porquerolles, et de ce qu’il pressent de la visite de Mark Zuckerberg.
Notre entretien se déroule dans son bureau, à la fondation. Les T-Rex de Porquerolles, me précise Charles, ne se sont pas contentés de rapetisser jusqu’à devenir des perdrix. Il y a eu un temps, et peut-être ce temps reviendra-t-il, où des individus adultes ont vécu plusieurs années sur l’île. On le sait non seulement grâce à la représentation gravée sur les parois de l’abri de la Grande huître, mais aussi par d’autres indices, encore plus éloquents.
Charles m’invite à le suivre. Nous quittons son bureau et le bâtiment, passons devant le mammouth palmé de Barcelò, entrons dans les jardins, tournons à gauche et suivons un petit chemin qui nous conduit à la Couvée, de Nils-Udo.

« J’ai toujours été fasciné, me dit Charles, par la vérité du dicton qui dit que le meilleur moyen de cacher quelque chose est de le mettre en pleine lumière… Tous les visiteurs qui viennent ici croient que ces œufs gigantesques sont faux, mais la vérité est qu’ils sont vrais, on ne peut plus vrais….On les a recouverts d’une mince couche de marbre synthétique pour donner le change mais ce sont des œufs authentiques, trouvés ici, à Porquerolles. D’autres, depuis, ont été trouvés. Et quand on voit leur taille, on se dit que l’animal qui les a pondus était sans doute plus proche de Godzilla que d’un T-Rex, quelque chose d’énormissime et de terrible ! »
« C’est ça qui intéresse Zuckerberg. Il sent que Meta se fait un peu distancer dans la course à l’intelligence artificielle, et il se dit qu’il pourrait prendre sa revanche sur le terrain militaire : à défaut d’intelligence, avoir des gros muscles peut être utile dans l’Amérique de Trump ; et entre les œufs géants, les perdrix-rex et les taons qui, depuis des millions d’années, se gavent du sang des animaux les plus énormes que la terre ait portée, il pense qu’il y a un filon à creuser, dans le style de Frankenstein, de l’île du docteur Moreau ou de Jurassic Park. C’est pourquoi il a décidé de s’installer ici. C’est lui, l’acheteur mystérieux de la ferme de Notre-Dame, celle où Godart s’était installé pour tourner Pierrot le fou. Il veut en faire un laboratoire d’élevage de perdrix-rex qui, dopées par injection de sang de taons-rex, puisse régénérer les monstres disparus qui ont, un jour, foulé le sol de l’île. »
Il a parlé d’une traite, Charles Carmignac. Et maintenant il me demande, à moi, de l’aider à empêcher cela en rendant public ce projet délirant : « Il faut que je publie cette enquête », il m’en supplie : « Racontez tout. On connaît votre probité ; on vous croira. »
Ce que je fais.
En illustration musicale, derrière ma lecture, le superbe History of violence, de Moriarty (bien sûr !), enchanté par la voix magnifique de Rosemary Standley.
Fin (mais en fait, non).
En ce pays oléicole, quelles couleurs prendrait une mayonnaise…..? Que dis-je ? Un Aoïoli…. Cela ne pourrait être Alchimique autant que Akashique au vu et au su de la longévité et des ingrédients contenus figés dans le Marbre (Aïe ! les dents…)
Akashique, certainement, Etoile, akashique !