
Il y a un plaisir de ce qui est sûr et certain ; et il y a un plaisir de ce qui n’est ni tout à fait sûr, ni tout à fait certain.
Un plaisir justement de cela, de cette incertitude, de cette incertitude qu’on comble simplement de nos vœux, de nos espoirs, de notre perception, de notre foi.
Le hiatus existe, et le doute. On les franchit par un mouvement, un élan de la pensée, quelque chose qui tient de la rêverie ou du rêve éveillé et dont on a conscience : on sait que c’est une projection, que rien ne permet d’affirmer, qu’il est trop tôt, que c’est trop court, qu’on manque d’éléments, de preuves substantielles ; et on jouit et frissonne, en avançant dans le presque vide, du pied de nez, du rire moqueur ainsi adressé à la raison, la froide, la sage, la méfiante raison, cette raison qui nous enjoint de toutes ses forces de rester à l’abri, de ne pas nous exposer, de ne pas trop voguer sur les flots, qui peuvent devenir amers, de l’espérance.
Mais on avance, on prend la mer et on se jette en avant, joyeux de notre audace, certain – presque certain – de sa vertu performative, de la capacité presque magique de notre foi, de notre espoir, à réveiller, faire naître et prospérer ce qui était sans doute déjà là, ce qui sûrement est déjà là mais comme dépris et aliéné de lui-même : en jachère, ensommeillé, dans les limbes encore.
Plaisir de la solution trouvée par intuition devant un devoir ou un problème ; plaisir des premiers émois amoureux.
En accompagnement musical, derrière ma lecture, le magnifique Catendé, de Vinicius de Moraes, dans la très belle interprétation donnée par Maria Creuza, Toquinho et lui-même.
 
		
Là où il y a de la chaîne il n’y a pas de plaisir
~~ Proverbe français ~~