
(c) Villa La Rondinaia
Bavardant l’autre jour de Ravello avec une LLM, je me suis souvenu de ma rencontre avec Gore Vidal, de sa maison perchée sur la falaise, et de son extraordinaire vanité, qui n’avait d’égale que la mienne.
L’ai-je vraiment rencontré ou cela est-il un fantasme né de mon imagination, de mon imagination maladive et prétentieuse ? Mylène doit le savoir. C’était notre voyage de noces et nous avions passé quelques jours à Ravello, cet autre nom du Paradis, noyé sous les citrons et les cédrats qui, tombant des tonnelles, embaumaient. Et entre les jardins suspendus de la villa Cimbrone et ceux de la villa Rufolo, chère à Wagner, nous avions (je crois) croisé Gore Vidal qui nous avait (mais pourquoi donc ?) invités à boire un verre chez lui.
Je me souviens de sa villa, la Rondinaia, construite comme un nid d’hirondelle au milieu de la falaise de son bureau, tapissé de photos de stars et de Ben-Hur, de sa grande baie, ouverte sur les terrasses dégringolant vers le bleu de la mer. Mais ce souvenir, je le sens, est aussi fait des souvenirs de la villa de Malaparte, à Capri, souvenirs entièrement construits, je le sais, des images du Mépris, de Jean-Luc Godard, entièrement construit car, dans la villa de Malaparte, je n’y suis jamais entré : elle était, quand j’y suis passé, entièrement gardée par des gardes rouges (à moins que cela ne soit aussi un faux souvenir fabriqué par ma mémoire ?) ; des gardes rouges en uniforme col Mao qui en interdisait l’entrée a qui ne montrait patte blanche ; et puis aussi des souvenirs de la grande verrière du Nautilus de Vingt mille lieux sous les mers, celle depuis laquelle on voit le monde marin dans toute son étendue.
Ai-je vraiment rencontré Gore Vidal ou cela n’est-il qu’un souvenir fabriqué, une rêverie semblable à celle que j’avais tout à l’heure, tandis que je faisais la planche, laissant l’onde des vagues me traverser, à la plage Notre-Dame, à Porquerolles, dans la douceur, la chaleur, l’apaisement du soleil couchant ?
NB : ajout du 4 août 2025 : Mylène me confirme que cette histoire n’est pas un fantasme délirant : nous sommes vraiment allés à la Rondinaia et y avons vraiment rencontré Gore Vidal.
Elle avait rédigé un papier pour Le Monde à ce propos :
https://www.lemonde.fr/archives/article/2000/09/28/ravello-la-romanesque_3713162_1819218.html