Ô, toutes les couleurs, Ô, toutes les douleurs, Et toutes les frayeurs, Et toutes les ferveurs Qui tournent et tourneboulent Dans l’tourbillon d’la vie !

Les grands navires prenant le large
Hier matin, sur le pont Alexandre III, Une jeune femme regardant la Seine Marchait le long du parapet. Elle était large et ronde, Maternelle et gracieuse Et la brise qui gonflait sa robe Faisait comme un spi sur la mer. Et je pensais à Baudelaire, A cette jupe balayant l’air, Aux grands navires prenant le…

La dame
Gracieuse, souriante, calme, épanouie, Hiératique pourtant, et sage, et austère, Digne parmi les fleurs, les arbres et les fruits, La dame aux six visages est pleine de mystère. Pourquoi ces lapins blancs, pourquoi cette panthère, Ces singes qui grignotent, ce renard qui surgit, Et tous ces animaux qui font tapisserie, Et ces objets, et ces…

Palais Grimaldi (un rêve)
J’étais à Ajaccio. Un peu à l’écart du centre de la ville s’étendait le quartier Grimaldi où s’élevaient, parmi les arbres asséchés par l’été, de grandes bâtisses et un vieux palais, ruiné par le temps et l’abandon des lieux. Le parc, redevenu sauvage, qui l’entourait, était jonché de vestiges dont certains surgissaient de mares et…

Bain de soleil
Ô joie de s’allonger au soleil de juillet,De sentir la chaleur sur ses joues et la briseQui souffle doucement, qui s’arrête puis reprend,Caresse imprévisible et délicieuse et tendre.

Perles de sueur
Du dos de la joggeuse,Aimer la sueur qui perle, En aspirer les effluvesComme on le ferait d’un parfum, Et se réjouir de se sentir vivant : Ô animal plein d’animalité !

La vérité est un bloc
La vérité est-elle un bloc ? Je ne le sais pas, en fait. Je n’en suis pas sûr. Mais elle n’est pas du chamallow, de la mousse, du gruyère, avec des trous de mensonge dedans. Il peut y avoir des pans d’ombre, des espaces dont on ne sait que dire, des au-delà de la conscience,…

Charles
Avenue de Wagram, j’ai croisé ces yeux-là Et je me suis alors souvenu de mon oncle Dont les yeux étaient d’un bleu intense comme ceux-là.

Bucoliques
Tityre ! Tu patules, récubant sous les tegmines fages, Muse sylvestre et tenue qui médite l’avène, Nous, aux confins de la douce patrie, linquimons l’arve. Nous fuyons le pays ; toi, Tityre, lent dans l’ombre. De l’Amarylle formose tu fais les sylves résonner.

Coteau de Bourgogne
Au creux de la colline, un arbre étend ses branches Noires, percées de soleil et de nuages blancs : Un coteau de Bourgogne au début de l’été.