Produire, construire, fabriquer

Toile d’araignée au dessus du canal d’Abbeville à Saint-Valéry

Il y a les termitières, les nids de nombreux oiseaux, les terriers des taupes et des lapins, les barrages des castors, les toiles des araignées ; il y a les fourmilières, les trous des pics, les grands écheveaux soyeux des chenilles processionnaires, les massifs coralliens, les cocons de guêpes et de vers à soie ; il y en a sans doute d’autres aussi, que je ne connais pas, mais elles ne sont pas si nombreuses, les constructions des autres espèces animales.

Ce qui est commun à tous les animaux, c’est la production d’excréments, et cette production très particulière qu’est la production d’une descendance, ce qu’on appelle reproduction. Mais quant à la fabrication ou à la construction d’objets tiers, purement artificiels, sans être l’apanage de l’être humain, elle est beaucoup moins commune.

Chez nous, hommes et femmes, c’est une vraie manie : c’est fou tout ce que nous fabriquons, construisons, façonnons : les vêtements dont nous nous habillons, les récipients où nous mangeons, les habitations où nous vivons, et puis tout le reste : toutes ces choses, ces objets, ces infrastructures, ces véhicules, ces armes, ces outils dont nous couvrons notre nudité, notre faiblesse premières, et que nous générons sans fin.

Il y a tant de choses extraordinaires parmi elles : toutes ces oeuvres magnifiques, toutes ces machines astucieuses et puissantes, toutes ces constructions sublimes et audacieuses, tous ces objets et instruments simples, pratiques et beaux. Elle est admirable, la capacité créatrice de l’être humain !

À partir de quel moment cette capacité créatrice née du besoin de survivre et grandie de l’aspiration à l’amour et au beau se mue-t-elle en une sorte de logorrhée ou d’incontinence matérielle et productive, en un besoin incontrôlable de générer des choses ? À partir de quel moment notre plaisir de créer devient-il soif d’humaniser le monde entier, de détruire tout ce qui n’est pas nous ?

Aldor Écrit par :

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