Pour vivre, il faut s’arracher
À la contemplation des choses ;
Pour vivre, il faut dédaigner ;
Faire comme si de rien n’était
Catégorie : poème
Aimer les choses en ce qu’elles disparaissent
Nous aimons la beauté,
Mais plus encore peut-être, qu’elle soit fugace ;
Nous aimons le bonheur,
Mais nous l’aimons aussi dans sa brièveté,
Et dans l’instant de grâce sa disparition
Divertissement
Qu’il ait créé le monde aurait dû nous mettre la puce à l’oreille : crée-t-on des mondes quand on est bien dans ses baskets, je vous le demande un peu ?
Lumière tzigane
Dans l’hiver gris du Paris gris, Une tache de couleurs flamboie : Une Romanichelle qui mendie.
Sunt lacrimae rerum
Hier matin,Sur l’esplanade des Invalides,Un chien jouait avec des pigeons,Sautant pour les attraper sans le faire,Tout au bonheur de courir et de se sentir vivre. Il était comme le sourire du monde. Je pensais, le regardant,A la tristesse que ce même mondeParfois revêt comme un manteau,À ces larmes des choses dont a parlé VirgileEt qui…
Yeux sauvés de la bouche
On se rend mieux compte, maintenant, Que la bouche, La bouche, souvent, Dans le visage mangeait les yeux, Avalant, aspirant, effaçant le regard. On ne voyait plus qu’elle et ses lèvres et ses dents, Cette bouche pulpeuse d’où sortaient les sourires, Les paroles et les phrases, les rires et les mots, Tous ces sons assemblés…
Dorian
Dorian, Dorian, nous avons tant de mal À croire en la vieillesse, En la décrépitude, S’il n’y avait ton portrait, s’il n’y avait ce corps Pour nous montrer que le temps a passé, Et que cette étincelle a cependant duré. Dorian, Dorian, on pourrait bien, sans eux, Ne jamais rien sentir de cet écoulement, Ne…
Casque
Sortant dans la rue, À l’instant, Une angoisse soudain s’est emparée de moi, Le bref temps d’un court moment : N’avais-je pas oublié mon casque ? J’ai passé ma main sur mon crâne, Et me suis alors rendu compte Du lapsus de ma pensée. Et sous mon masque j’ai souri.
Mirliton
J’aime bien Mirliton et ses rimes faciles, Ses vers de quatre sous, Ses poèmes sans prétention. On dirait Arlequin, le sourire d’une fille, Un champ de coquelicots, De petits papillons.
Aux visages, cependant
Ils nous attirent, les corps, Les corps voluptueux, Et l’on est fasciné par leur balancement, Leur harmonie, leurs lignes ondulantes, Leur plénitude et leur vitalité : Espérance de vie et promesse des sens. C’est aux visages, cependant, Aux visages où souffle l’esprit, Je vous salue Marie qui êtes pleine de grâces, Aux visages inclinés et…