Pas plus que la fonction utile des corps n’est de faire le coup de poing, le sein n’est un fardeau. Ou plutôt : le fardeau du corps, qui pèse sur les femmes mais aussi sur les hommes, est aussi cette ancre libératrice qui, obligeant les êtres humains à se poser parfois, leur permet de n’être pas soumis aux seules exigences de l’action.
Étiquette : hommes
L’agression russe en Ukraine, la famine un peu partout, la guerre civile au Yemen, la pauvreté, la maladie, les espèces qu’on détruit, les espaces qu’on salit, le grand épuisement du monde, le grand gâchis des choses et des êtres, et là, cerise sur le gâteau comme s’il en était besoin, cette interdiction faite aux femmes comme l’annonce à Marie, d’étudier, de diriger, de voyager, ce grand enfermement des femmes afghanes dans leur burqua, son chez lui, leur ignorance.
La beauté porte en elle les affres, les vicissitudes, les tribulations de l’incarnation. Et parce que les femmes sont, chez les humains, beaucoup plus assignées à leur corps que ne le sont les hommes, elles subissent l’essentiel de cette ambivalence, de cette injonction contradictoire : être belle mais ne pas en faire trop ; rayonner tout en restant discrète.
Les seins de Dalida et les pieds de Montaigne, cela résume assez bien le regard différent que nous jetons sur les femmes et les hommes, l’importance différente que nous attachons à leur corps
C’est un étrange paradoxe que de vouloir nous perpétuer dans l’être en commençant par nous abstraire de cette caractéristique fondamentale de l’être : nous sommes incarnés dans des corps d’homme et de femme.