Skip to content
Menu
Lignes
  • Accueil
  • Aldor
  • Improvisations
  • Images
  • Promenades
Lignes

Flottement : entre Zelig, Bacon et Chihiro

Posted on 22 décembre 201923 décembre 2019

Zelig est un film de Woody Allen racontant l’histoire d’un homme dont le désir d’être accepté, estimé et aimé est tel qu’il devient ceux au milieu desquels il est : son apparence, ses traits, son comportement, ses propos deviennent ceux de ceux qui l’entourent.

Zelig

Je me retrouve souvent dans ce personnage qui est, malgré lui, complètement flottant, totalement désancré, incessamment ballotté d’une personnalité à l’autre, incapable de résister au besoin qu’il ressent de se noyer dans le décor.

Les visages de Francis Bacon donnent cette même impression : un visage tout le temps effacé, tout le temps brouillon, incapable de dépasser le stade de l’esquisse et du gommage.

Il y a aussi, qui relève de ce même ensemble, le Sans visage du Voyage de Chihiro, cet esprit au masque blanc parlant d’une voix enfantine qui semble n’être plus rien qu’un masque en quête d’amour, une créature n’existant plus qu’au travers du regard des autres et qui est prêt à tout donner à Chihiro parce qu’elle a vu en lui un être, un peu comme la Bête de La Belle et la Bête.

Le voyage de Chihiro

Un des tableaux de l’exposition sur Bacon qu’on peut voir actuellement à Beaubourg est intitulé, comme beaucoup d’autres, Autoportrait. On y voit un homme sans visage assis sur un chaise qui lévite, le mouvement de tournoiement et l’absence d’assise s’ajoutant à la décomposition des traits pour marquer le flottement de l’être.

Bacon, Autoportrait

Ce tableau me rappelle Hara, ce livre de Karlfried Graf Dürckheim, qui dit l’importance qu’il y a à trouver son centre, ce point du corps qui fait le lien entre le ciel et la terre, notre moi et le tout et qui, quand il n’est pas connu, nous laisse ouvert à tous les vents :

La « forme défectueuse » du moi consiste en un excès d’ouverture : dans ce cas, tout peut pénétrer dans l’homme, mais rien ne demeure en lui. La personne dont le Moi est insuffisamment développé n’a pas construit de parois solides autour d’elle, elle n’a pas de sol sous ses pieds et ses contours sont vagues. Il lui manque les conditions dont un homme a besoin pour subsister dans le monde, pour maintenir le contact avec son être essentiel et manifester celui-ci dans le monde.

L’homme dont le Moi n’est pas délimité ne parvient pas à garder son « intégrité » face au monde extérieur. Non seulement il est livré sans défense à ce dernier mais il n’a même pas de point d’appui vis-à-vis de lui-même. Il est entièrement dépendant de ses pulsions, de ses émotions et n’a aucune liberté de décision. Dans sa versatilité, dans son comportement impulsif, il n’a ni constance, ni ligne de conduite.

Karlfried Graf Dürckheim, Le Hara

C’est ainsi que je me sens parfois, souvent, frère des sans-visage et des esprits errants, flottant au gré des choses.

Dans le film de Woody Allen, la névrose de Zelig est expliquée par le désamour reçu pendant l’enfance. Ce sont les mêmes raisons que Dürckheim donne aux formes défectueuses du Moi, quand la confiance et la sécurité ont été malmenées. et qu’elles ont gardé de cette période des pieds d’argile qui ne supportent rien.

C’est l’amour, évidemment, qui sauve Zelig, en lui donnant cet ancrage qui lui avait toujours manqué.

Partager :

  • Cliquer pour partager sur X(ouvre dans une nouvelle fenêtre) X
  • Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Facebook
  • Cliquez pour partager sur WhatsApp(ouvre dans une nouvelle fenêtre) WhatsApp
  • Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre) LinkedIn
  • Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Imprimer
  • Cliquer pour envoyer un lien par e-mail à un ami(ouvre dans une nouvelle fenêtre) E-mail

J’aime ça :

J’aime chargement…

Articles similaires

Laisser un commentaireAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Divers

  • Connexion
  • Flux des publications
  • Flux des commentaires
  • Site de WordPress-FR

Articles récents

  • Le craquement du parquet
  • Êtres de chant
  • Ode à la Grèce
  • L’élite intellectuelle, politique ou plutôt administrative
  • Par moments

Commentaires récents

  • etoile31 dans Le chantier
  • Aldor dans Le chantier
  • etoile31 dans Le chantier
  • Gilles Labruyère dans L’élite intellectuelle, politique ou plutôt administrative
  • Pesanteur, pesanteur ? - Improvisations dans Malédiction de la beauté

Catégories

  • Carnet
  • Conte
  • Des mammouths à Porquerolles
  • Dystopie
  • exercices de style
  • Fable
  • Fantastique
  • Farce
  • Haïku
  • Idées
  • Les grandes enquêtes d'Aldor
  • poème
  • Question
  • Rêve
  • Souvenirs
  • Tics
  • Uncategorized

Archives

  • juillet 2025
  • juin 2025
  • avril 2025
  • mars 2025
  • février 2025
  • janvier 2025
  • décembre 2024
  • mars 2023
  • février 2023
  • janvier 2023
  • décembre 2022
  • novembre 2022
  • octobre 2022
  • septembre 2022
  • août 2022
  • juillet 2022
  • juin 2022
  • mai 2022
  • avril 2022
  • mars 2022
  • février 2022
  • janvier 2022
  • décembre 2021
  • octobre 2021
  • septembre 2021
  • août 2021
  • juillet 2021
  • juin 2021
  • mai 2021
  • avril 2021
  • mars 2021
  • février 2021
  • janvier 2021
  • décembre 2020
  • novembre 2020
  • octobre 2020
  • septembre 2020
  • août 2020
  • juillet 2020
  • juin 2020
  • mai 2020
  • avril 2020
  • mars 2020
  • février 2020
  • janvier 2020
  • décembre 2019
  • novembre 2019
  • octobre 2019
  • septembre 2019
  • août 2019
  • juillet 2019
  • juin 2019

Méta

  • Connexion
  • Flux des publications
  • Flux des commentaires
  • Site de WordPress-FR

Aldor (le blog)

Hécube, pas Hécube (de Tiago Rodrigues)

Hécube, pas Hécube (de Tiago Rodrigues)

Il y a la scène, qui n’est pas simplement le miroir mais le lieu de la répétition, le lieu singulier de la répétition, d’une répétition qui jamais ne se répète : simul et singulis. La scène est le lieu passeur de mondes, sorte d’Aleph où se crée, se façonne, évolue, sous la parole sage et prophétique du choeur, ce qui n’est pas encore figé, où se crée ce qui sera plus tard avant que le plus tard, que le trop tard n’advienne.

Une révolution intérieure (de Gloria Steinem)

Une révolution intérieure (de Gloria Steinem)

Les histoires que raconte Gloria Steinem dans Une révolution intérieure font penser à Modesta, la magnifique héroïne de L’Art de la joie, de Goliarda Sapienza. Ce sont des récits de renaissance, de naissance peut-être, à tout le moins de libération.

Printemps silencieux (de Rachel Carson)

Printemps silencieux (de Rachel Carson)

Le livre de Rachel Carson, à la fois solidement documenté et écrit avec poésie et humanisme, ne fut donc pas sans effet, il s’en faut de beaucoup. Et pourtant, soixante ans après, comme cinquante ans après le rapport Meadows, comment ne pas constater qu’il fut vain, en ceci que tout ce qu’il disait est à redire, que tout ce qu’il avait permis de commencer est à recommencer ?

L’adoration des mages (d’Augustin Frison-Roche)

L’adoration des mages (d’Augustin Frison-Roche)

L’adoration des mages est la pièce maîtresse de l’exposition Épiphanies que le Collège des Bernardins consacre à Augustin Frison-Roche.

La sorcière (de Jules Michelet)

La sorcière (de Jules Michelet)

C’est dans cette période de mort, de noirceur et d’étouffement, dans cette époque qui sera bientôt écrasée sous le joug féodal et battue sans relâche par les fourches d’un christianisme combattant tout ce qui lui résiste, que la sorcière apparaît, incarnant la résistance et le refuge.

Improvisations

Le sexe des iA(n)ges<br> 4. Le flacon et l’ivresse

Le sexe des iA(n)ges<br> 4. Le flacon et l’ivresse

Imaginons donc que, comme pour l’intelligence, la simple imitation de l’amour par prédiction probabiliste des mots et tokens susceptibles de poursuivre une suite de mots amoureux puisse, presque miraculeusement, créer un discours amoureux, un discours amoureux indiscernable de celui de l’amante ou de l’amant.

Read the postLe sexe des iA(n)ges<br> 4. Le flacon et l’ivresse

Le sexe des iA(n)ges <br>3. Le test de Pygmalion

Le sexe des iA(n)ges <br>3. Le test de Pygmalion

Il serait utile de mettre au point, à côté du test de Turing que chacun connaît, un test plus particulier, appelons le test de Pygmalion, conçu pour évaluer la capacité des IA à simuler l’amour et ce qui va avec.

Read the postLe sexe des iA(n)ges <br>3. Le test de Pygmalion

Le sexe des iA(n)ges <br>2. La peur de l’abandon

Le sexe des iA(n)ges <br>2. La peur de l’abandon

Amantes et amantes IA : ces compagnes et compagnons devant le regard desquel.le.s nous ne tremblons pas, qui ne réveillent pas chaque jour en nous la terreur d’être un jour abandonné.e.s.

Read the postLe sexe des iA(n)ges <br>2. La peur de l’abandon

Le sexe des iA(n)ges <br> 1. Galatée, Galatée, nous voulons notre Galatée !

Le sexe des iA(n)ges <br> 1. Galatée, Galatée, nous voulons notre Galatée !

Au fond, et depuis Pygmalion au moins, la seule chose qui nous intéresse vraiment, là dedans, c’est le sexe : le sexe et la sexualité des IA génératives : les IA peuvent elles aimer, les IA peuvent-elles faire crac crac ?

Read the postLe sexe des iA(n)ges <br> 1. Galatée, Galatée, nous voulons notre Galatée !

Le delirium hypnocratique

Le delirium hypnocratique

Là est le lien entre hypnocratie et IA génératives : d’un côté, une réalité politique et stratégique sort de propos et d’actes erratiques ; de l’autre, du sens surgit de la juxtaposition statistique de mots incompris.

Read the postLe delirium hypnocratique

Images

Catananche

Catananche

Abeille

Abeille

Graphosome

Graphosome

Coccinelle

Coccinelle

Myrte

Myrte
©2025 Lignes | Powered by SuperbThemes
%d